Ceci est le Féminisme™

Pour toute femme blanche valide cis hétérosexuelle et non pauvre, le féminisme est quelque chose qui va de soi. Il représente la lutte qui leur apportera l’égalité en supprimant l’oppression sexiste du patriarcat. L’abolition de celui-ci, selon celles-ci, permettra de libérer toutes les femmes. Les « autres » savent très bien qu’il n’en est rien. Elles savent très bien qu’elles sont souvent d’autant plus victimes de violences , parce que marginalisées d’une ou plusieurs autres façons.

Ainsi, on peut voir  les partisanes de ce féminisme jeter négligemment certaines piques à celles qu’elles jurent pourtant considérer comme sœurs de lutte :

  • « Je pense que le féminisme est plus important car seul le sexisme intervient dans l’intime. Le racisme, vous dites? Mais rien à voir! »
  • « Si maintenant même ma star préféré – qui n’est pas sexiste, seulement homophobe/raciste/transphobe/etc – est critiquable, où va-t-on? « 
  • « Non mais qu’est-ce qui n’est pas violent pour vous, vous autres, plus marginalisées que nous? »
  • « Il me semble que ce que tu assimiles à du racisme, c’est du sexisme en fait. Oui, je suis blanche mais je pense être mieux placée, non? »
  • « On ne peut pas être féministe et musulmane. L’Islam est aussi oppressif. Du moins, je crois, hein. J’en sais rien vu que j’ai jamais ouvert le Coran, ni parlé à des musulmans. »
  • « Pourquoi veulent-elles porter le voile? C’est de l’aliénation! Quoi, mes Louboutins? Bien sûr que je les adore! »
  • « Si vous dites ‘Die cis scum‘, personne n’aura envie de vous écouter, voyons…Hey toi là-bas, LE MISOGYNE TU LA FERMES! TU T’EN FOUS DU VIOL? VA MOURIR! »
  • « Je veux dire si j’ai déjà admis que j’ai un privilège blanc, j’ai le droit de dire ‘négresse’ par la suite, non? C’est que j’ai fait tellement d’efforts, vois-tu… »
  • « Pourquoi tu me reproches d’être raciste/homophobe/transphobe? Ce n’est pas ce qui est important, voyons! Tu es vraiment trop agressive *Tears*« 
  • « Laisse moi t’expliquer pourquoi seul le sexisme compte… »
  • « Maintenant les gens reconnaissent leurs privilèges à chaque texte, c’est vraiment lourd! Les hommes? Considérés que s’ils reconnaissent leurs privilèges masculins, évidemment! »
  • « Je ne vois pas du tout en quoi c’est islamophobe d’interdire à des femmes le voile. Oui, je ne connais pas la définition d’islamophobie, et alors? Mon avis compte, non? »
  • Et le meilleur pour la fin – « De toute façon, vous êtes trop divisives! Et non, ça n’a rien à voir avec mon comportement oppressif! »

Bien sûr, ces quelques exemples de piques ont été tournées sarcastiquement par moi-même 😉  (Certaines bien inspirées de moments récents, oui, oui…)

Vous en voulez plus? Je vous conseille le compte @WhiteFeminist sur Twitter!

47 thoughts on “Ceci est le Féminisme™

  1. et oui! il faut faire du « blabla » surle féminisme, pourquoi?? sais pas mais bon;
    juste dire : fin de mois » retraite toute petite  » trés trés difficile :mais suis et resterait féministe ; c’est un état d’ame ; qu’il est trés difficile à expliquer.. je pense que incompréhensible pour les «  » jeunes «  » qui ont en héritage, ce que nous avons gagné, en mordant en criant! parlant, marchant..!! elles ne savent pas… mais elles sauront si par malheur tout cela etait effacé, grignoté par les réacs, de toutes zones toutes religions.. ATTENTION. pas le moment de laisser les zizannies voulues et entretenues avoir le dessus.

    • Ce que vous appelez blabla est juste une énième dénonciation du féminisme qui reste excluant. Mais continuez à vous leurrer en pensant que c’est une question d’âge (ce qui n’est pas une raison de disqualifier le propos d’ailleurs). Le sexisme n’est pas le seul axe d’oppression, ni le majeur, pour toutes. Il faudrait peut être commencer à le voir.

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  4. Merci pour ce texte ! ceci dit : « Pour toute femme blanche valide cis hétérosexuelle et non pauvre, le féminisme est quelque chose qui va de soi. » Hum…je crois pas du tout ! Les meufs du féminisme dominant sont souvent des blanches hétéra, bio, de classe moyenne sup ou bourgeoise, mais toutes les meufs blanches hétéra, bia, de classe moyenne sup ou bourgeoise ne sont PAS féministes ! Regardons les meufs médiatiques, toutes ces bourgeoises ! Je pense à Iacub, Polony, Levy, toutes les UMPettes, une bonne partie des PSettes (à part celles qui sont à OLF etc)…le féminisme ne va PAS de soi, même pour les femmes dominantes ! L’idée vague que mecs et meufs doivent être égaux n’est pas un acquis chez ces gens-là qui adorent par exemple un Zemmour qui leur explique que leur dit être un « prédateur civilisé » et que les avancées féminines le « castrent »…..

    Je ne pense vraiment pas que le rejet du féminisme soit lié à ses écueils en terme de classe, race, sexualité, transidentité. ça c’est pour des gens comme nous, intéressé-e-s par la lutte antisexiste, et qui enrageons de voir que le seul féminisme médiatique est celui qui pue (d’ailleurs, c’est pour ça que c’est celui qu’on entend). Mais globalement dans la société, je suis convaincu que le rejet du féminisme est d’abord un rejet de lutter qu’on doit toucher aux relations hommes/femmes (« ah vous voulez que tout le monde soit pareils ?! Les femmes resteront des femmes, les hommes resteront des hommes, etc etc »).

    Du coup, ça me pose un pb si un pose le féminisme qui intéresse en soi les dominantes et pas les autres, car c’est d’une certaine manière, à nouveau dire que c’est leur chose, ce que je ne crois pas Il y a des féministes de classe pop, dans les quartiers pop mais elles ont autre chose à fr que d’essayer de rentrer au panthéon, donc évidemment, elles ne sont pas inviter sur TF1. On ne les entend pas, c’est comme si elles n’existaient, alors que si…elles existent !

    Mais bref, j’ai du mal à organiser ma pensée, mais je veux dire qu’en gros si on dit que le féminisme est d’emblée un truc de dominantes, ça masque le fait que
    1) le rejet du féminisme dans la société (politiques, médias) n’est pas un rejet bienfondé, c’est un truc sexiste de fait, et maintenant regardons comment ils sont lancés dans leur chasse au « gender » comme ils disent pfff (le féminisme ça les intéresse contre l’islam c’est tout, donc bref, cest au nom du féminisme mais c’est pas du féminisme)

    2) ça rend traitre les meufs de classe pop, trans etc, qui s’y intéressent puisqu’à l’origine, rien n’est fait pur etc.

    Bon je m’arrête là, puisque ça fourmille dans ma tête, mais je sais pas pour aller où !

    @+ !!

    • Ahahaha, je suis contente que du coup (sur le précédent texte aussi), cette question te perturbe et tu réfléchis à voix haute ^_^

      Tu as totalement raison sur le fait que je me sois complètement emballée là : le féminisme est loin de faire déjà un consensus et allant de soi pour chaque femme! C’est vrai que tu as totalement raison pour les exemples cités : le féminisme est déjà révolutionnaire en soi, perturbant l’ordre établi.

      Je pense que malheureusement même dans la société, le rejet du terme « féminisme » est multiple. Certes, une grosse majorité le rejette pour conserver un ordre sexiste, et contre l’idée de l’égalité des genres même.
      Mais aussi je pense, un rejet motivé par la non prise en compte des femmes plus marginalisées. Combien de fois m’a-t-on dit que le féminisme, c’était un truc de blanches?
      Franchement, je compte pas, et vu la représentation de celui-ci, on ne peut vraiment démentir.

      En mon sens, on peut totalement dire que le féminisme mainstream est excluant et a de nombreux défauts, tout en signifiant que le rejet pour des motivations sexistes est injustifiable et malhonnête.
      Quand à la question de la traîtrise, en l’état actuel des choses, pour ma part, les femmes plus marginalisées n’ont aucun bon choix.
      1) Soit elles se réclament féministes et œuvrent à ce que celui-ci les comprennent, mais alors elles sont dénoncées comme divisives en remontant tous les problèmes qui ne tournent pas strictement autour du sexisme et du genre.
      2) Soit elles se rendent compte que le prix de leur adhérence au féminisme est de mettre de côté des problèmes considérés périphériques (pour ne pas être reléguées en marge et abandonnées), et elles refusent alors de s’en réclamer – ce qui les rend aussi divisives.

      Bref, chez moi aussi ça fourmille et ce n’est pas encore tranché non plus, mais je ne vois pas trop comment échapper à cette situation, du tout.

  5. Ton truc sur le voile ça me fait penser que je viens de voir un article genre « bouhou le voile c’est oppressif envers les femmes ouin » dans… un magazine Elle. Et leur photo de couverture elle est pas oppressive peut-être?

  6. C’est une blague ce compte twitter @whitefeminist???

    Enfin, je me doute que ce n’est pas une blague malheureusement mais c’est juste pas possible d’écrire autant de conneries sous couvert de « féminisme » et de lutte contre l’oppression? Nan? C’est… ah putain ça me fait mal de voir autant de bêtises/absurdités/dédouanement totale/non remise en question absolue/croyance en son bon droit en si peu de lignes, balancées par une seule personne.

    Sinon ton texte est vraiment chouette pour mettre en lumière l’hypocrisie de certaines personnes qui ne veulent pas voir plus loin que ce qui les touche de plein fouet, créant par là une espèce de course à l’oppression et à la souffrance qui absoudrait les « opprimé⋅e⋅s » quand illes sont les « oppresseurs ».

    Un tout petit truc qui me fait tiquer c’est que dans ton texte, les exemples sont vraiment parlant, frappant, le racisme/homophobie/transphobie sont à peine voilés (et déjà plein de gens te crient que tu vois le mal partout O_o). Mais y a aussi plein de fois où les oppressions se font de façon très insidieuse ce qui rend plus difficile de mettre le doigt dessus, faire admettre, lutter contre. Ce ne sont pas les pires car il n’y a pas de « meilleure » façon d’être oppressant⋅e mais je trouve que c’est d’autant plus difficile de lutter contre une oppression qu’elle se lit entre les lignes.

    • Haha, non @WhiteFeminist est un compte parodique ^^ (Il utilise le même procédé que moi ici, à savoir reprendre les arguments qu’on entend du féminisme mainstream mais tourné tellement sarcastiquement pour qu’on se dise « Euh… ») Mais bon, il RT aussi des vraies personnes « féministes » qui ont ce genre d’attitude (lena Dunham, Caitlin Moran…).
      Sinon, oui ici j’ai mis des exemples parlants et courants, mais je suis tout à fait d’accord que des fois, ce n’est pas si évident à pointer du doigt :/

  7. « Pour toute femme blanche valide cis hétérosexuelle et non pauvre, le féminisme est quelque chose qui va de soi. »
    Le terme « pauvre » fait nuancer évidemment ton propos. Je ne pense pas que pour la plupart des femmes citées, le féminisme « aille de soi »; quant à ce qu’il soit un combat…
    Les femmes de ma génération ont connu le féminisme des années 70′ et sont restées bloquées dessus…ou ont complètement oubliées la lutte des femmes dans leur confort bourgeois.
    Perso, j’ai toujours préféré la compagnie des femmes à celle des hommes -donc très proche d’elles- et j’ai rarement entendu le mot « féminisme » dans leur bouche.
    Elles ne sont pourtant pas heureuses de subir mais elles se taisent; la majorité est encore silencieuse malheureusement.

    Il y a plusieurs féminismes car comme dans tous les combats, chacun « tire la couverture à soi ». C’est un combat à combattre ! 😉

    Pour ce qui est « des piques », je suis d’accord avec toi; ce serait drôle si ce n’était pas dramatique !

    Soit, je ne suis qu’un homme, rien qu’un homme…et Blanc de surcroît. Je ne suis donc pas le mieux placer pour en débattre mais bon, tu m’connais…

  8. J’aimerais rajouter que même si j’étais sensibilisée aux autres oppressions avant de m’intéresser en profondeur au féminisme, j’ai l’impression que ce sont les réflexions féministes et l’étude de l’histoire du féminisme qui m’ont permis d’élargir mon champ de réflexion sur les autres oppressions telle que le racisme, le capitalisme. Et peu l’inverse. Est-ce une impression et un parcours personnel et unique ? Je ne sais pas

    • Je pense que chacun a son chemin personnel sur comment il évolue sur ces questions là, et que tous les chemins existent :)…Pour ma part, je me suis d’abord beaucoup intéressée au racisme et à l’identité noire, pour venir au féminisme (surtout noir) par la suite, et d’étendre aux autres oppressions par l’intersectionnalité.

  9. Bonjour, en fait je souhaitais vous poser une question, qu’entendez-vous par  » le féminisme TM » ? Sinon je vois en effet ce genre de propos sur le web ( peu entendu en dehors du web mais c’est peut-être du à mon entourage), et ça m’effraie parfois.

    Ça me rappelle parfois les hommes pour qui la lutte contre le patriarcat/le féminisme n’est pas essentiel dans leur vie, puisqu’aux vues de leurs privilèges ils peuvent s’en passer, vivre sans.
    En tant que blanche, l’anti-racisme ne serait donc qu’accessoire au même titre que le féminisme l’est pour la majorité d’hommes?

    Enfin, personnellement , je ne vois pas le féminisme comme une idéologie ou un mouvement uniforme ( je pense que vous non plus), mais comme un outil d’analyse parmi d’autres.
    Votre réflexion m’intéresse , mais les féministes du web ou sur twitter sont-elles représentatives des actrices « féministes » du terrain, du quotidien et des universitaires ? N’ont-elles pas intégré la notion du pluralisme d’oppression genre/race/classe? (vraie question)Ne manquent-elles pas simplement de visibilité?

    • Bonjour,

      Ce que j’entends par le féminisme TM, c’est le féminisme mainstream et les protagonistes les plus en vue qui l’incarnent (que ce soit osez le féminsime, ni putes ni soumises, les chiennes de garde, etc…). Il est vrai que c’est une expression que l’on retrouve plutôt dans la blogosphère, mais je ne trouve pas qu’elle s’applique seulement dans le virtuel.
      Ce n’est que mon avis, mais pour moi, le féminisme français est coincée à la 2ème vague, qu’il essaye de surmonter tant bien que mal, en piochant dans les apports américains de l’intersectionnalité, mais sans les appréhender tout à fait (que ce soit par racisme ou à cause de l’écart culturel US vs France).
      Il faudrait un féminisme noir en France (ou un autre mouvement?) qui saurait utiliser l’intersectionnalité, mais ancrée dans le contexte français : tout un travail.

      Malheureusement, je ne le vois pas en vue de nombreuses organisations françaises, je ne le vois pas en vue quand on voit si peu de femmes de couleur se réclamer féministe (à raison), et je ne le vois pas à l’oeuvre quand, même dans ma réalité (virtuelle et non-virtuelle), une féministe convaincue tombe dans les travers que je cite.

      Pour certaines, l’anti-racisme n’est qu’accessoire (plusieurs féministes radicales ne s’en cachent pas d’ailleurs, bien que ne comprenant pas du tout le racisme évidemment). Et pour moi, cela se retrouve sur twitter, mais il ne faut pas oublier que les gens sur twitter sont de vraies personnes, donc des universitaires, des journalistes, des activistes, etc…Donc il n’y a pas de distinction entre réel et virtuel en mon sens. Et cela transparaît dans les organisations et les études. Si certaines comprennent et intègrent jusqu’à un certain niveau le pluralisme de la lutte, les « vieux démons » en qq sorte refont (trop) souvent surface, pour ne pas y voir qu’une intégration encore p-e trop superficielle, et qui mérite encore du travail pour être satisfaisante/efficace.

      Je suis tout à fait d’accord : je ne vois pas le féminisme comme un mouvement uniforme, il est en effet un outil. Maintenant selon comment on le voit, est-il suffisant?

  10. Ping: Critique du féminisme | Pearltrees

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