Les mots ont du sens…Féminisme = Antisexisme?

Féminisme, antisexisme….Voici deux mots sous lesquels se rejoignent les mêmes idéaux : égalité des genres, justice, combat contre le patriarcat. Cependant, l’emploi de l’un ou l’autre ne semble jamais innocent.  Ici, je n’essayerais pas de plonger dans un long plaidoyer pour l’un ou l’autre de ces termes, avec un corpus détaillé de références féministes. Ca pourrait être très intéressant, mais je ne pense pas que je possède déjà la connaissance nécessaire, ni la patience requise. Donc, je me contenterais d’émettre mon point de vue sur la question, à laquelle je réfléchis toujours.

Tout d’abord, lorsque j’ai commencé à étoffer ma culture féministe autour de blogs sur la question, j’ai toujours été étonné de voir les fémininistes françaises réclamer à cor et à cri, le terme de « féminisme ». Les raisons souvent avancées sont que le féminisme est le combat des femmes pour les femmes par les femmes, ou encore (raison qui fait plus sens à mon sens) que les femmes sont les premières victimes de l’oppression du patriarcat, et par conséquent, le terme permet de penser d’abord à elles et à toute l’histoire féministe (pour une fois). Néanmoins, ces explications ne m’ont jamais totalement satisfaites…

De par ma condition de femme noire, les combats contre le racisme et le sexisme ne peuvent être dissociés, et l’un d’eux se nommant l’antiracisme, appeler l’autre antisexisme ne me semble pas délirant (construction anti-« oppression »). Ensuite, de manière plus profonde, continuer à vouloir utiliser ce terme de féminisme pour renvoyer à une histoire féministe glorieuse qu’il ne faudrait pas oublier, cela a toujours évoqué chez moi cette volonté – assez française – de ne pas décoller de la 1ère et de la 2ème vague du féminisme qui ont pourtant montré leur échec en matière d’intersectionnalité. Si pour une personne blanche, le mot « féminisme » renvoit à la lutte pour l’égalité des genres, parfois pour moi, dans le contexte français, il est aussi synoyme d’échec à l’intersectionnalité et de privilège. J’ai parfois ce sentiment d’inconfort, et je pense alors au speech de Sojourner Truth « Ain’t I a woman? »… Donc, parfois non, je n’ai pas envie de m’appeler féministe, je comprends le besoin qu’Alice Walker a pû avoir à créer le terme « womanism ».

Ce terme, « féminisme », qui se veut rassembleur, peut être le contraire. Avec ce mot, on veut mettre l’accent sur le féminin, bien souvent trop oublié, ce qui est une bonne chose. Néanmoins, on masque le fait que le sexisme est une oppression parmi d’autres, et au risque de choquer, c’est peut être voulu : si on est une femme blanche hétéro, on peut se gargariser de subir une oppression non nommée en anti-quelquechose, ce qui la rend centrale, plus importante, et permet de reléguer les autres en périphérie. Et ainsi, les refus ou le désintérêt pour l’intersectionnalité  ne sont pas si étonnants : si le féminisme est la première lutte contre l’oppression, et les autres des périphéries, pourquoi s’en occuper?

Bien que je sois sceptique sur les bienfaits d’utiliser le terme « féminisme » sur le long terme, je continue à me considérer féministe. *Et là, c’est le moment où vous êtes perdus :)* Pourquoi donc? Même si j’ai émis des réserves sur ce mot, il y en aura toujours sur les mots portant sur le combat pour l’égalité : le mot « antisexisme » n’en est pas exempt, accusé de vouloir dévoyer le mot « féminisme » par récupération, entre autres. De plus, le terme « féminisme » subit un certain tabou en France, qu’il serait bénéfique de supprimer de manière radicale. Etre féministe ne devrait pas être une tare. Finalement, me considérer féministe, c’est être un témoin vivant de ce que signifie réellement ce mot.

En conclusion, je n’ai toujours pas de réponse claire sur lequel de ces mots il faudrait utiliser. Ce que je sais néanmoins, c’est que je suis pour la lutte contre le sexisme.

Plus sur le sujet en anglais :

http://www.genderacrossborders.com/2011/03/29/feminism-and-womanism/

http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2010/apr/10/white-feminism-black-woman-womanism

20 thoughts on “Les mots ont du sens…Féminisme = Antisexisme?

  1. Sur la distinction entre féminisme et antisexisme, je vois les choses ainsi.
    Le féminisme est fait par et pour les femmes contre l’oppression sexiste masculine. Dans le féminisme, les hommes ne sont en règle générale pas les bienvenus – même le pro-féminisme semble suspect. Et le féminisme tient tout homme pour responsable de l’oppression de toute femme, puisque l’homme est défini par ses privilèges.

    L’antisexisme au contraire est mixte, et l’ennemi c’est le sexisme, pas la catégorie des hommes en bloc définie par le sexisme lui-même. On n’ignore pas que ce sexisme est un système de valeurs, représentations, codes, qui favorisent les hommes et défavorisent les femmes de multiples manières, Mais l’antisexisme offre aux femmes comme aux hommes une déconstruction et une reconstruction des rôles.
    Un aspect du sexisme dans sa version viriliste consiste à organiser la lutte des hommes entre eux. Cela, un certain nombre d’hommes ne le veulent pas s’ils ont l’occasion de prendre conscience de ce que le sexisme a fait d’eux – les pousser au combat permanent, les lancer dans une lutte exténuante pour le pouvoir et l’argent, leur imposer la dominance.
    La domination des hommes sur les femmes, un certain nombre d’hommes n’en veulent pas non plus s’ils ont le choix. Ce que les féministes appellent les privilèges masculins, c’est aussi un ensemble de charges, de devoirs, que certains hommes préféreraient répartir autrement. Et la « virilité » consiste aussi en un certain nombre d’interdictions dont on se passerait bien : droit d’être émotif, fragile, faible, pauvre…

    Malgré ces différences féminisme et antisexisme vont dans le même sens : abolir la domination d’un genre sur l’autre, partager également les droits et les devoirs.

    Voyant que l’antisexisme incluant les femmes et les hommes n’a que peu de lieux de débat j’ai créé très récemment un forum pour en parler.
    Msdreydful vous pourriez y faire quelques liens vers vos articles si vous vouliez ?

    • Bonjour Ludovic,

      Comme vous voyez, j’ai modifié votre message, car non, je ne souhaite pas faire de liens vers ce genre d’entreprise.
      En fait, votre commentaire montre très bien le problème à utiliser le mot antisexisme : la récupération par les hommes qui ne
      tiennent pas à voir de quelle manière ils incarnent l’oppresseur dans notre système sexiste.
      Mon texte se situe dans un contexte bien particulier, où je précise que l’usage d’antisexisme se veut comme contre le sexisme, mais en tant que système dominant-dominé. Oui, le sexisme est l’ennemi, mais ça n’efface en rien que les hommes sont alors les privilégiés de ce système, et au vu de votre message, vous souhaitez minimiser cet aspect du problème.
      Si la déconstruction de la masculinité est aussi importante, elle ne doit pas seulement se faire parce que des « hommes beta » y voient leur intérêt, mais surtout parce que les femmes souffrent en premier lieu de cette domination.

      • Ah. Eh bien pour moi votre réponse montre bien le problème de l’attitude féministe : considérer tout homme individuellement responsable du sexisme, comme si chaque homme avait sciemment fait le mauvais choix d’adopter les valeurs du virilisme. Et donc exclure les hommes de la lutte pour l’égalité des droits et une répartition équitable des rôles.
        ça me semble non seulement injuste, mais encore contre-productif (seule une petite minorité de femmes a une conscience féministe… si en plus on exclut les hommes antisexistes, l’antisexisme se prive de partisans), et assez sexiste dans l’idée : les femmes seraient irresponsables de ce que le sexisme leur fait subir, alors que les hommes en seraient pleinement responsables, alors que les mêmes mécanismes d’intériorisation des rôles sont en jeu.

        Plusieurs expériences en sociologie – expérience d’Asch, expérience de Milgram, expérience de « la Troisième Vague », expérience de Stanford – montrent comment les individus adoptent les règles qu’on leur donne. Si les autorités, la culture, les règles du jeu social, leur donnent des règles de dominant ou de dominé, de bourreau ou de victime, de prisonnier ou de gardien de prison, ils et elles adoptent et intériorisent ces rôles, facilement. Le système collectif se montre plus fort que la volonté individuelle.
        De même on a vu que les gens deviennent capitalistes dans un système capitaliste, fascistes dans un système fasciste, communistes dans un système communiste, et sexistes dans un système sexiste.

        Vous présumez à tort que je voudrais « minimiser » le fait que les hommes sont les privilégiés du système, alors que c’est une évidence incontestable que les chiffres des violences, du travail, des moeurs, de la culture, prouvent sans contradiction possible : pas besoin d’arguments logiques, les faits sont là. Cette accusation absurde et récurrente a même quelque chose d’offensant dans mon cas car je suis le fils d’un violeur et d’une violée, d’un beau-père violent qui frappait ma mère régulièrement, et j’ai aussi été victime de plusieurs tentatives d’abus sexuel, toujours par des hommes. J’ai grandi dans une culture infestée de viol. Je suis parfaitement conscient des dégâts bien réels de la domination violente des hommes sur les femmes et les enfants.

        Savez-vous que, comme 1 femme sur 6, 1 homme sur 10 a été violé, souvent dans l’enfance ? Ce n’est pas juste de l’âgisme, il y a une dimension de genre dans ces faits, les auteurs de viols sont massivement des hommes.
        De même les fils sont souvent victimes de la culture d’éducation sexiste qui assigne au père le rôle d’éducateur par la force – la pédagogie à coups de baffes ou de poing. « Tu vas voir ce que tu vas prendre quand ton père rentrera », disent certaines mères (notamment dans les campagnes). Cela fait partie du sexisme, mais le féminisme ne s’en occupe pas, alors que l’antisexisme s’en occupe.

        Au fond on a donc les mêmes ennemis, les rôles sexistes, les violences masculines, on a un but commun qui consiste en une répartition équitable des droits, des devoirs, des rôles, et je trouve bizarre qu’un certain nombre de féministes refusent de coopérer avec des hommes précisément parce qu’ils sont des hommes. Le féminisme exclut quasiment les hommes, nombreux sont les articles qui expriment une méfiance profonde à l’égard du pro-féminisme… Les hommes n’ont donc aucun choix, ne peuvent être qu’oppresseurs, jamais anti-oppresseurs ? Cela ne reflète pas la réalité, un certain nombre d’hommes veulent sincèrement sortir du sexisme.

        Le calcul du bénéfice d’ensemble d’une coopération entre féminisme (féminin) et antisexisme (mixte) est simple : plus il y aura d’hommes qui se désolidarisent du sexisme et des privilèges masculins, plus la sortie de l’oppression pour les femmes sera ample et rapide.

        • Question simple : pensez-vous que je ne sais pas DEJA tous les faits que vous relevez (à part ce qui relève de votre expérience perso)? Et que je sais du coup pourquoi je suis féministe/antisexiste (pas de différence pour moi, car je ne le définis pas comme vous)? Pourquoi pensez-vous que vous avez besoin de me le ré-expliquer? Voilà le problème de l’homme féministe.
          Dernière remarque : la volonté seule ne suffit pas à contrecarrer la socialisation.

        • Comment je saurais déjà exactement ce que vous savez et ce que vous savez que je sais ? Vous avez présumé un truc à tort, je ne le savais pas d’avance. Il y a plein d’opinions différentes même dans les féminismes…

          A propos de la déconstruction du virilisme : à avoir approché des féministes dans une optique antisexiste et à obtenir toujours le même refus, je trouve bien malheureuse cette façon de ne s’adresser aux hommes qu’en tant qu’oppresseurs et presque jamais comme alliés contre le sexisme.
          Etant donné que nous sommes presque systématiquement discrédités dans le féminisme, et que pour être accepté il faut être déjà « déconstruit », il y a une aporie. On ne peut pas se déconstruire par magie.
          Des femmes mettent des années à s’intégrer au féminisme, s’imprégner de valeurs et de codes qui n’existent pas dans la société sexiste.
          Comment feraient les hommes pour sortir de leurs privilèges en étant exclus du féminisme et inclus uniquement dans le sexisme ??? Est-ce que ça arrange vraiment les femmes et les féministes, que les hommes volontaires pour devenir autres que virils et dominants soient ainsi disqualifiés alors qu’ils ont une bonne intention ? C’est comme si on nous condamnait à être et rester éternellement des ennemis des femmes, y compris contre notre gré.

          Puisque le but du féminisme et de l’antisexisme (selon la définition mixte) est l’égalité des droits (grosso modo), vous ne pensez pas qu’on y arrive mieux et plus vite en partant des deux pôles du sexisme ? Un certain nombre d’hommes sont D’ACCORD pour refuser les privilèges de leur genre, pour s’en désolidariser et se solidariser avec les droits égaux des femmes.

          Par ex sur l’égalité salariale : ça pourrait se faire tout de suite, avec la collaboration des hommes, si on pouvait les convaincre de demander et d’accepter eux-mêmes une baisse de leur salaire correspondant à une hausse de salaire des femmes pour supprimer le différentiel d’environ 20%. ça changerait aussitôt beaucoup de choses, cette remise à plat des paiements à travail égal. Tandis que si on traite les salariés hommes de voleurs, ça engendre des résistances et pas une coopération qui aille dans le bon sens. C’est contre l’intérêt des femmes !

        • Votre opinion est commune, répétée, et ultra répétée. Si vous vous intéressez au féminisme, vous devriez le savoir.
          Commencer à se déconstruire, c’est accepter que le patriarcat vous privilégie, ni plus ni moins. De cela, vous pouvez comprendre la non-mixité, la non-focalisation sur les problèmes d’hommes.
          Ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas faire vous-même votre travail de déconstruction de la virilité : qui vous l’empêche?
          Mais ici, ce n’est pas l’espace pour ça : allez lire l’avant-propos et ne commentez pas plus en avant (si vous êtes réellement de bonne volonté). Je ne suis pas QUE féministe.

  2. Ping: Féminisme n’est pas un gros mot mais il exclut | Ms. DreydFul

  3. Pourquoi ne pas choisir le mot égalitariste. Malgré un commentaire précédent qui critiquait la posture égalitariste mou, je pense que c’est celui qui permet d’éviter une hiérarchisation de la discrimination et qui ramène chacun a sa condition d’être vivant plus qu’à un sexe, une couleur de peau, une religion, une orientation sexuelle.
    De plus, le terme féministe est de plus en plus critiqué par les trans qui ne reconnaissent aucun genre mais qui subissent des discrimination sexiste

  4. Ping: Explications et définition | Pearltrees

  5. Ping: Si tu n’es pas féministe, tu es sexiste. | L'Égalitarisme c'est pas ce que vous croyez !

  6. Excellentissime !
    Tu soulèves des points très intéressant auxquels je n’avais pas pensé.

    C’est vrai que je fais partie des personnes qui refusent de troquer le terme « féminisme » pour anti-sexisme, mais en fait, c’est parce que souvent, les gens qui refusent de se dire féministes le font parce qu’ils ont des clichés plein la tête au sujet de cette lutte. Souvent même, c’est un moyen facile (et non constructif) de la dénigrer (même type d’argument que « vous êtes trop agressives blablabla »), et ça m’énerve.

    Cependant, ton article aborde un grand tabou du féminisme : certains refusent l’intersectionnalité. Et c’est ainsi qu’on découvre des féministes racistes, homophobes ou classistes. Du coup, est-ce que dire plutôt « anti-sexisme » permettrait de mettre le féminisme sur un pied d’égalité avec l’anti-racisme et l’anti-homophobie ? Je ne sais pas. Mais c’est une bonne question.

  7. « Donc, parfois non, je n’ai pas envie de m’appeler féministe, je comprends le besoin qu’Alice Walker a pû avoir à créer le terme « womanism ». »

    J’arrive peut-être un peu tard, mais il me semble que cette querelle linguistique n’a pas de sens en français. La traduction littérale de « womanism » serait déjà féminisme, soit femminisme, avec la légère déformation de l’accent.
    Je dois avouer que je suis moyennement convaincu sur la viabilité de la distinction entre les deux en anglais (après tout, ça a strictement le même sens étymologique), même si je comprends l’intention.
    Par contre oui, fvsch a raison, « antisexisme » ne fait pas de mal en tant que synonyme de féminisme, mais il ne doit surtout pas servir à occulter l’histoire de ses luttes.

    • Tu n’arrives pas tard, tout ce qui amène de la réflexion est bon à prendre…:)
      La querelle linguistique n’était pas tant sur la traduction littérale des termes, mais plutôt sur ce que les termes nous évoquent. Justement, l’argument de choisir le mot féminisme parce qu’il renvoit à l’histoire des luttes et qu’il est donc positif me laisse un goût un peu amer, parce que justement l’histoire du féminisme n’est pas toute rose. Le féminisme des débuts, c’est aussi beaucoup d’exclusion (des noires, des lesbiennes, des trans…) et quand on est blanche cis hétéro, on ne s’en rend pas forcément compte.

      D’autres féministes afro-américaines ont préféré redéfinir ce qu’était le féminisme pour elles, d’où le black feminism. D’autres, comme Alice Walker, ont préferé recréer un autre mot qui -si littéralement veut dire la même chose- ne renvoie pas à une histoire qu’elles jugent douloureuse.

      Encore aujourd’hui, beaucoup de féministes noires américaines ne se considèrent pas comme féministes, parce que les courants qui porte le féminisme restent non-intersectionnels, et que du coup, elles ne peuvent les supporter.

      Je pense qu’en France le problème est aussi bien présent…Est-ce pour autant utile de trouver un autre mot pour des idées féministes? Je ne pense pas…pour le moment. Je me vois féministe malgré tout. 🙂

      • Comme je disais, je comprends bien l’intention. A mon sens, « féminisme noir » a plus de sens que « womanism » quand même. Et quelque part, rappeler qu’un féminisme racisme n’est pas féministe ne peut pas faire de mal non plus…
        Il me semble aussi (comme toi) que le mot et l’idée sont encore une idée viable pour nous (je veux dire nous qui pensons que l’égalité ne se négocie pas et que toutes les dominations sont également insupportables).

        • Certain(e)s ne semblent pas croire qu’un féminisme devrait ne pas être racisme 😦
          Nous n’avons pas la même histoire que les USA (même si je parle beaucoup d’écrits féministes afro-américains, parce que ce sont les plus représentés), donc je ne vois pas en effet un besoin de me redéfinir en tant que womanist (avec d’autres tenants particuliers), et il serait plus pertinent en effet d’avoir un féminisme noir en France. Mais c’était pour montrer les différentes prises de position qu’ont pu suscité un féminisme raciste.
          Mais je suis bien d’accord avec toi : toute oppression est à combattre.

  8. Tout terme est critiquable. Dans l’absolu «antisexisme» aurait ma préférence, mais il est trop utilisé par des égalitaristes mous qui ne voient pas de différences fondamentales entre le sexisme qui opprime les femmes et celui qui opprime les hommes. Le terme «antisexisme» ne dérange pas vraiment les partisans du status quo, ceux qui disent que ça y est on est arrivé à l’égalité hommes/femmes (marrant, c’est toujours dit dans cet ordre…) et que le féminisme est un combat d’arrière-garde de femmes qui sont trop connes pour comprendre que ça y est c’est déjà gagné (et qui du coup ne peuvent vouloir qu’une chose: la suprématie des femmes). Au contraire, il est souvent revendiqué par des antiféministes.

    Vu ce contexte, je préfère «féminisme» à «antisexisme». (Mais bien sûr je ne dis pas que toute personne qui préfère se dire antisexiste est conservatrice et antiféministe.)

    • En effet, comme je le laisse planer en filigrane, antisexisme n’est pas exempt de critiques non plus…Je pense aussi qu’au vu du contexte français, le mot « féminisme » reste pertinent, et je me considère pour le moment comme tel, malgré les problèmes qu’il peut me poser. Merci en tout cas pour votre pensée!

  9. « si on est une femme blanche hétéro, on peut se gargariser de subir une oppression non nommée en anti-quelquechose, ce qui la rend centrale, plus importante, et permet de reléguer les autres en périphérie ».

    Euh., « se gargariser » ? C’est assez méprisant comme point de vue !..même une femme blanche hétéro peut subir plusieurs oppressions mais toutes ces oppressions : le racisme (je le mets en premier, là (exprès)) néanmoins le racisme s’arrête au sexisme et les mâles s’entendront toujours contre les femmes, toutes tendances, couleurs, etc…confondues même les homos avec les hétéros (ce qu’ils font déjà)), le sexisme, la discrimation de classe et même des sous-discriminations = si on est végétarien ou pire vegan, etc…coexistent.
    Et si on va par là, on peut aussi dire que les femmes non blanches non hétéros veulent absolument se démarquer et rester entre elles en « se gargarisant » du fait d’être doublement discriminée, non ? Je pense que ces divisions ne sont profitables à personne, excepté aux machistes.

    • Cela se veut bien sûr un peu provocant, pas forcément méprisant…^^ Une femme blanche hétéro peut subir d’autres oppressions, comme l’âgisme, ou l’oppression de classes, mais certainement pas le racisme! Contrairement à ce que vous semblez croire, non, les hommes ne sont pas les premiers oppresseurs! Vous restez dans ce travers de croire que le féminisme (ici, au sens strict, lutte contre le sexisme) doit primer (et que toutes les femmes sont soeurs), tandis que le racisme (ou autre discrimination) serait secondaire.
      Les divisions sont nécessaires (voire vitales) à un moment donné, justement parce que les femmes blanches féministes ne sont pas plus des alliées, que les hommes noirs antiracistes. Cela ne veut pas dire qu’il peut pas y avoir des alliances, juste qu’elles sont limitées (du moins de la manière dont les mouvements sont pensés pour le moment). Il ne s’agit pas de se gargariser d’être doublement discriminée, il s’agit de fuir des espaces qui ne sont pas sûrs.

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